Lok - Loc - Loc'h

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Au cours des 5500 dernières années, le Loc’h a connu quatre épisodes de large ouverture à la mer et de fermeture partielle. Le Loc’h était alors un bras de mer largement ouvert sur la mer ou bien un marais maritime abrité derrière la dune. C’est la vulnérabilité de cette dernière face aux violentes tempêtes et aux fortes houles qui, en la déstructurant, permettait à la mer de s’engouffrer dans le Loc’h. Les cartes du XVIIIe et du XIXe illustrent ainsi ce qui semble être une phase de large ouverture. Le Loc’h était alors constamment soumis à l’influence des marées laissant sans aucun doute s’exprimer les milieux estuariens typiques.

En 1878, Le Loc’h, alors propriété de l’Etat, est vendu à un propriétaire privé. Les conditions de cette vente stipulent qu’une digue doit être construite dans l’objectif d’assécher le Loc’h pour le cultiver. À cette époque, les zones humides sont alors considérées comme inutiles et insalubres. Ainsi, le site se transforme petit à petit via la construction de ladite digue (aujourd’hui route communale séparant le Petit du Grand Loc’h), la construction d’un ouvrage sur la plage du Loc’h, la pose de clapets à marée dans ce dernier et le creusement de canaux dans le Grand Loc’h. L’assèchement est en œuvre et le Grand Loc’h est alors cultivé entre 1950 et 1992 (maraîchage, céréale, élevage). Dans les années 1950 naît la route littorale reliant Guidel à Lorient. À hauteur du Loc’h, cette route est construite sur la dune ayant pour effet de contraindre ses mouvements naturels.

En 1994, l’agriculteur François Besnard stoppe son activité et souhaite que le Loc’h conserve son identité naturelle. Il décide alors de le vendre au Conseil Départemental et à la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage et s’assure ainsi que le Loc’h bénéficiera d’une gestion conservatoire de son patrimoine naturel. La Fédération Départementale des Chasseurs du Morbihan est désignée gestionnaire de ce site. Des séries d’inventaires sont mises en œuvre dans l’objectif de mieux connaitre les enjeux du Loc’h. Cette connaissance débouche par la mise en place de mesure de gestion telle que le pâturage extensif des prairies, le curage des canaux, la gestion des espèces exotiques envahissantes animales et végétales notamment. Le Loc’h est classé en Réserve Naturelle Régionale en 2008 et le gestionnaire bénéficie ainsi d’un appui technique et d’un soutien financier pour la réalisation des actions du plan de gestion.

Aujourd’hui, l’état écologique de la masse d’eau de la Saudraye est classé en mauvais état du fait de la rupture des continuités écologiques. En effet, les clapets à marées installés dans l’ouvrage à mer empêchent les sédiments marins et les poissons côtiers et migrateurs de se déplacer librement entre la mer, le marais et le petit fleuve côtier. Pourtant, ces zones de transitions terre-mer sont des zones à forts enjeux pour des espèces particulières. C’est pourquoi les politiques publiques ont légiféré sur ce sujet et demandent ainsi à ce que l’ensemble des ouvrages référencés comme obstacle à l’écoulement soit aménagé par son propriétaire pour assurer la libre circulation des sédiments et de la faune. Porté par Lorient Agglomération, l’aménagement de l’ouvrage sur la plage du Loc’h est programmé. Ainsi la Saudraye, y compris le Loc’h, va retrouver une dynamique plus naturelle et moins contrainte.